Nous devrions peut-être nous engager dans la moindre marche avec un esprit d’éternelle aventure sans retour – prêts à renvoyer nos cœurs embaumés comme des reliques vers nos royaumes affligés.

Henry David Thoreau

Un désir d’arbres dans les mots

& James Sacré

Des oliviers près de Grenade, des arganiers dans les environs de Tioute, des chênes verts entre Tarifa et Algésiras dans le petit matin, ou le noyer de Cougou dans la cour de ferme de l’enfance : les arbres, on dirait, viennent à la rencontre de James Sacré, sans paroles, sans mots, mais peut-être pas sans intentions. L’attention qui leur est accordée ici ne leur invente pas un quelconque langage, elle vise seulement, peut-être, à nous rappeler une certaine familiarité avec leur temps long, leur générosité pour les hommes, l’esprit qui conduit au multiple et au mystère de leurs racines & de leurs ramifications.

Les arbres dans leurs formes diverses
Sont-ils pas l’expression de sentiments
(À cause du temps qu’il fait
Du sol qui les tient dans ses matières mystérieuses, à cause
Des jours qui passent en histoire construite ou défaite) ?

Alexandre Hollan a voué une grande part de son œuvre aux arbres, retrouvant dans le mouvement de l’encre ou du fusain une violence de la poussée, une fragilité aussi, leur adressant ce qu’Yves Bonnefoy a pu nommer « un acte d’oraison ». À partir de plusieurs séries de trois dessins, chacune élaborant le mouvement d’un houppier ou la lente maturation d’une branche, des fragments de ces encres ont été prélevés, desquels est né un jeu avec le poème dans la page.

L’édition originale de ces poèmes de James Sacré illustrés par Alexandre Hollan comporte vingt exemplaires sur Arches 180 grammes, chaque exemplaire accompagné d’une suite de trois encres d’Alexandre Hollan intitulée Impressions successives d’un arbre, et d’un extrait manuscrit de l’auteur, l’ensemble sous étui toilé.

Format à l’italienne. Poèmes de James Sacré accompagnés de dessins d’Alexandre Hollan.

Alexandre Hollan

Alexandre Hollan est né à Budapest en 1933. Il vit en France depuis 1956 et a suivi à Paris l’enseignement des écoles des Beaux-arts et des arts décoratifs. Il partage son temps entre les garrigues du Languedoc et ses ateliers de Paris et Ivry. Il a voué une grande part de son œuvre aux arbres, retrouvant dans le mouvement de l’encre ou du fusain une violence de la poussée, une fragilité aussi, leur adressant ce qu’Yves Bonnefoy a pu nommer « un acte d’oraison ». Le dialogue du peintre avec de nombreux poètes — parmi lesquels Philippe Jaccottet, Claude Louis-Combet, Salah Stétié, Pierre-Alain Tâche, Louise Warren —  a donné lieu à plus de

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James Sacré

James Sacré est né en 1939. Il passe son enfance et son adolescence à la ferme des parents en Vendée. D’abord instituteur puis instituteur itinérant agricole, il part, en 1965, vivre aux États-Unis où il poursuit des études de lettres (thèse sur la poésie de la fin du xvie siècle français). Il y enseigne dans une université du Massachusetts tout en faisant de nombreux séjours en France et des voyages en Europe (l’Italie surtout), en Tunisie et au Maroc. Il a publié des livres de poèmes au Seuil (Coeur élégie rouge), chez Gallimard (Figures qui bougent un peu) et aux éditions André Dimanche, ainsi que

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