Un dénuement
Si Arthur Adamov, dont le théâtre fut salué et ardemment porté par quelques amateurs remarquables – d’Artaud à Vilar en passant par Paulhan –, fut un temps considéré comme le pair d’un Beckett ou d’un Ionesco, la pérennité de cette reconnaissance apparaît tout aussi incertaine, et à la fin tronquée, que le fut sa vie. Et, peut-être comme cette vie elle-même, confiée par on ne sait quelle Moire aux mains d’une petite poignée de fidèles. Gilles Ortlieb en fait partie. Une enfance choyée de « petit barine », à Bakou, emportée par les grands remuements du début du siècle : épidémies, guerre, révolution. Une adolescence vouée