Nous devrions peut-être nous engager dans la moindre marche avec un esprit d’éternelle aventure sans retour – prêts à renvoyer nos cœurs embaumés comme des reliques vers nos royaumes affligés.

Henry David Thoreau

Petit éloge de la chronique, de la Suisse, et de Pierre Girard

Pascal Commère

Je dois l’avouer. Je n’avais jusqu’alors jamais entendu parler de Pierre Girard avant d’ouvrir Les Sentiments du voyageur suivi de Anges américains, paru aux éditions Fario dans la toute nouvelle collection Théodore Balmoral. À chacun ses lacunes. Même si je n’en sais guère davantage à son sujet, sinon ce que ce livre attachant laisse filtrer de la personnalité littéraire de son auteur. Quant à sa biographie, retenons ceci : né à Genève en 1892, il y mourut en 1956. C’est peu. Quand bien même on ajouterait qu’il exerça durant un temps la profession d’agent de change, avant d’abandonner l’effervescence boursière pour la solitude de l’écriture. D’où la quarantaine de titres qui composent sa bibliographie. Sans compter une multitude de chroniques, un millier dit-on, publiées dans les journaux de Suisse. On mesure alors la chance qui se présente à nous de découvrir un écrivain tel que celui-ci.

Mais il me faut saluer sans plus tarder le travail de Thierry Laget, autre auteur de la collection*, qui a choisi, présenté et annoté les textes recueillis dans le présent ouvrage.
Lesquels proviennent de périodes échelonnées sur une vingtaine d’années (1934 — 1954) en même temps que d’ensembles différents. Distribués en six parties, ils forment ici une somme de deux cent cinquante pages qui ne manque pas d’unité. Récit de vie où les pensées vraies côtoient les petits riens de l’existence. Et tellement plus que cela. À croire que le puzzle ainsi constitué, où chaque chronique semble avoir trouvé l’emplacement qu’elle attendait, était prémédité de longue date, si ce n’est dès l’origine.
Il n’en est rien pourtant. Sauf à prendre en compte le tempérament d’un auteur, préoccupé durablement par quelques thèmes dont la récurrence montre assez combien ils proviennent de son être profond.

* Thierry Laget, Le ciel est un grand timide (Fario, 2016).

Lire la suite dans la revue Secousse :
http://www.revue-secousse.fr/Secousse-20/Notes-lecture/Sks20-Commere-Girard.pdf

Les Sentiments du voyageur

Textes choisis et présentés par Thierry Laget De 1934 à 1954, Pierre Girard publie un millier de chroniques dans les journaux de Suisse. Il y aborde une infinité de sujets — tramways, concerts, parcs, caractère des jours de la semaine, rues et places de Genève, petits métiers, mésaventures de la monarchie britannique —, parlant surtout, comme il le dit, « des fleurs, de la grâce des enfants, des nuances du ciel, de la beauté des femmes ». Il y raconte, aussi, ses voyages. Ce sont les récits de ces excursions que rassemble le présent volume : les étapes de ce périple conduisent leur auteur à Paris, où il fréquente

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