À l’époque du Directoire, Etienne Gaspard Robertson (1763 – 1837) fit danser les spectres avec sa lanterne magique. Fantasmagorie, disait‑n alors pour désigner ces projections lumineuses qui allaient devenir l’ancêtre du cinéma. Ces images qui créaient l’illusion, encourageaient les rêves, et dilataient l’imaginaire de spectateurs ahuris, encore fallait-il en resituer l’importante dans l’incessante recherche du mouvement qui allait occuper tout le XIXème siècle. La « soif de voyance » de Robertson, Jérôme Prieur, écrivain et cinéaste, l’éclaire dans un texte magnifique, véritable archéologie du voir. Qu’on ne s’étonne pas de voir convoquer aussi ceux qui furent hantés ou intrigués par les émotions fugitives qu’engendrent les ruses optiques : Balzac, Poe, Chateaubriand, et bien sûr Proust, ouvrant À la recherche du temps perdu sur une séance de lanterne magique. Les images qui surgissent dans l’obscurité artificielle ne sont pas encore le vrai cinéma, plutôt des exploratrices à mi chemin entre physique et électricité. Mais Prieur révèle la noblesse de ces pionnières des spectacles optiques. Des ouvreuses de cinéma, en quelque sorte, qui invitent le spectateur à rêver dans le noir.
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Lanterne magique
Avec Lanterne magique, Jérôme Prieur nous propose une réflexion sur l’émergence, en plein siècle des Lumières, d’une pratique dont les ressorts occultes sont néanmoins essentiels : celle