Nous devrions peut-être nous engager dans la moindre marche avec un esprit d’éternelle aventure sans retour – prêts à renvoyer nos cœurs embaumés comme des reliques vers nos royaumes affligés.

Henry David Thoreau

Dolorès Marat : Lune rouge et autres animaux familiers aux éditions Fario

Frédéric Martin

Est-ce nos vies, ce gorille albinos encagé, langue pendante, au regard triste et interrogateur ?

Lune rouge et autres animaux familiers par Dolorès Marat, paru aux éditions Fario, est de ces livres qu’il faut prendre le temps de lire pour en comprendre la richesse et la complexité.

Il y a, comme toujours chez cette photographe, d’abord le choc des images. Ces photographies presque monochromes aux noirs profonds. Une explosion qui happe le lecteur. L’emporte dans un monde aux dimensions inouïes.

Puis les sujets se révèlent.

Des animaux ici. Seuls bien souvent. Dans des zoos, dans la rue. Des animaux que nous croisons, avons croisé au moins une fois. Zoos, ménageries de cirque, chats et chiens.
Compagnons mélancoliques et familiers qui nous attendent ou sont censés nous divertir. Prétextes futiles ?

Peu à peu l’Homme fait son apparition. Lui aussi paraît seul.

Seul adossé à sa palissade.

Seul dans le désert égyptien écrasé par des pyramides immémoriales. Seul.

Même dans ces foules rouges aux teintes de Révolution apocalyptique.

Enfin, il y a les flots. Tourbillonnants, nuages d’orage en devenir, bouillonnements. Nous les contemplons à la jumelle, fascinés peut-être. Nous luttons pour nous en extraire. Mais l’eau, la mer toujours recommencée, est là pour nous rappeler que nous ne sommes que fétu dans un monde immense.

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