Nous devrions peut-être nous engager dans la moindre marche avec un esprit d’éternelle aventure sans retour – prêts à renvoyer nos cœurs embaumés comme des reliques vers nos royaumes affligés.

Henry David Thoreau

Arthur Adamov

Anthony Dufraisse

Aux dernières nouvelles (Ângelo, Finitude), Gilles Ortlieb marchait à Lisbonne dans les traces du poète Ângelo de Lima (1872 – 1921). On le retrouve aujourd’hui pour une nouvelle filature. Cette fois, il met ses pas dans ceux d’Arthur Adamov (1908 – 1970), le moins connu du trio – « troïka », dira l’intéressé – du théâtre de l’absurde qu’il forme avec môsieur Ionesco et mister Beckett. Des trois, l’écrivain d’origine russo-arménienne est sinon le plus mal aimé, en tout cas le plus méconnu. Et c’est injustice pour Ortlieb, qui s’est donc mis en tête de remettre ce nom dans les têtes. A‑da-mov : ceux qui croient le connaître le confondent souvent avec Asimov, l’auteur de SF – on en a fait l’expérience dans notre entourage, qui a pourtant des lettres. « Cette vie, écrit Ortlieb à propos de celui qu’il appelle A.A., il faut bien la parcourir si l’on veut identifier quelques-uns de ses ressorts intimes, établir un lien entre certaines hantises et leur transposition sur la scène ou dans des écrits. » Parcourir, en effet, ou plutôt survoler, ou pour mieux dire encore et autrement, survolter : Adamov n’est pas tout à fait mort, son corpus bouge encore, le courant passe.

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Un dénuement

Si Arthur Adamov, dont le théâtre fut salué et ardemment porté par quelques amateurs remarquables – d’Artaud à Vilar en passant par Paulhan –, fut un

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