On ne subsiste guère que de se confronter au monde et à sa propre histoire, mêlant souvenirs et méditations sans cesse renouvelées auxquelles contraignent la vie personnelle non moins que les développements parfois exténuants des sociétés où elle se tient. Dès lors, « y être, y être toujours », c’est bien dire, au-delà de toute lassitude, le refus d’accepter l’ordre nauséeux des choses. On n’hésiterait pas à nommer, ainsi que le réclamait André Breton, celles et ceux avec qui l’on partage, ou ne partage pas, l’élan charnel d’exister. Ce livre n’a pas d’autre objet. Il n’a d’autre nécessité, que l’exigence de se tenir ainsi à hauteur d’homme, de caresser, du coup, quelques espérances & quelques songes, au fil heureusement sinueux d’une prose qui se satisferait volontiers d’unir en un même souffle le réel et ce qui, en lui, demeure la trace de son imaginaire.
Le désert s’accroît, ses dunes hérissées de barbelés ou de blockhaus technologiques.
L. B.
Des flux s’y dispersent.
Les vents de sable, qui s’y déploient selon des réseaux que l’absence paradoxale de proximité détermine, poussent devant eux des troupeaux d’avatars, de fantômes, dissimulant, à la vue des touristes ou des néo-nomades, fussent-ils bardés d’écrans et de capteurs sophistiqués, des mirages d’une plus dramatique envergure. La cuistrerie n’en progresse qu’avec moins d’état d’âme. Rassasiée de fruits dont l’industrie culturelle garantit la fraîcheur, elle pérore, vaticine, laboure à la rigueur la terre de maigres mais écologiques oasis, racole ouvertement au coin des rues et, pour que mesure soit comble, exerce sans discrimination son droit d’ingérence au sein des diverses théories subversives cotées en bourse, qu’elle absorbe, digère, défèque, régurgite, se drapant d’une pudibonde chasuble avant d’animer les débats qu’arbitrent colloques et synodes estivaux.