Trop longtemps, l’Allemand Günther Anders (pseudonyme de Günther Stern, 1902 – 1992) a été réduit à un double statut qui ne lui rendait pas justice. On le présentait, d’une part, comme un simple épigone de la philosophie contemporaine, en particulier de l’école de Francfort, et, d’autre part, comme le mari d’Hannah Arendt (de 1929 à 1936). Ses prophéties de malheur sur L’Obsolescence de l’homme, titre de son livre le plus célèbre (traduit chez Ivrea pour le tome I, et Fario pour le II), ses sombres et précoces anticipations des catastrophes nucléaire ou écologique, son éclectisme aussi, puisque cet élève critique d’Heidegger fut musicologue et romancier antinazi (La Catacombe de Molussie, L’Echappée, 2021), la vie d’exilé, enfin, de ce juif résolument athée aux relations complexes avec le judaïsme, ont installé cette personnalité aux marges de sa discipline.
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