De tous les livres récemment publiés sur les oiseaux, c’est certainement le plus étonnant. Les auteurs, Joséphine Michel, une photographe-philosophe, et l’anthropologue Tim Ingold, ont en partage un intérêt pour le son, plus précisément pour les rapports du son et de l’image.
Le syrinx, en effet, désigne l’équivalent du larynx : c’est l’organe qui permet à l’oiseau de chanter. Mais parmi les photos les plus extraordinaires, il y a celles qui sont cadrées sur le regard seul, comme celle mélancolique d’un oiseau plongé peut-être dans une méditation sur le destin de sa race, et celle, non moins forte – vous êtes-vous déjà senti dévisagé par un oiseau ? –, d’un œil clair, très franc, comme émergeant d’un masque de carnaval vénitien. On a toujours su que les oiseaux sont des « esprits à plumes » comme dit Ingold en rapportant les voyages spirituels des chamans d’Amazonie. Leur circulation entre terre et ciel en fait des êtres liminaires par essence. Et on a toujours pensé que leur nature élévatoire entre vol et chant, leur voisinage avec l’Intelligible, leur grâce, abolissent la pesanteur de la matière et suspendent l’animalité.
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