Nous devrions peut-être nous engager dans la moindre marche avec un esprit d’éternelle aventure sans retour – prêts à renvoyer nos cœurs embaumés comme des reliques vers nos royaumes affligés.

Henry David Thoreau

Sur la Correspondance Georges Perros — Henri Thomas

Jacques Lèbre

C’est lorsque je ne sens pas quelqu’un derrière ce que je lis qu’un livre me tombe des mains. Ce n’est jamais le cas avec des correspondances. Les lettres qui ont la vie pour toile de fond sont sans doute les bribes d’un roman qu’on ne lira jamais, mais derrière chacune d’elles on sent la personne qui les a écrites – avec tous ses affects. Elles témoignent aussi de l’éloignement des deux épistoliers : « ma géographie ne tient aucun compte des grands centres. », écrivait Henri Thomas (dans une lettre à Armen Lubin). Le peintre Simon Hantaï le disait d’une autre façon : « Je me suis retiré du centre, parce que vouloir se placer au centre n’a aucun sens, interdit d’avoir une vision critique. » Lorsque la correspondance commence, en 1960, Georges Perros a quitté le Paris littéraire pour la Bretagne tandis qu’Henri Thomas s’en éloigne régulièrement — pour exister ailleurs. […]
J.L.

L’intégralité du texte de Jacques Lèbre est à lire dans Europe n° 1058 – 1059-1060 / juin-juillet-août 2017.

Correspondance

La correspondance qu’ont échangée le vosgien Henri Thomas (1912 – 1993) et le finistérien d’adoption Georges Perros (1923 – 1978) est certainement l’une des plus attendues par les lecteurs des deux écrivains (tous les deux poètes, critiques, quand Thomas est par ailleurs romancier et traducteur) qui ont profondément marqué l’histoire de la littérature française du milieu du xxe siècle, tant leur existence personnelle est étroitement liée aux thèmes développés dans leur oeuvre respective, tant les unit une incontestable fraternité dans la fidélité à soi-même, une absence de concession d’ordre social.  Constituée d’une soixantaine de documents, elle débute en 1960 et prend fin à la mort de

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