Je dois l’avouer. Je n’avais jusqu’alors jamais entendu parler de Pierre Girard avant d’ouvrir Les Sentiments du voyageur suivi de Anges américains, paru aux éditions Fario dans la toute nouvelle collection Théodore Balmoral. À chacun ses lacunes. Même si je n’en sais guère davantage à son sujet, sinon ce que ce livre attachant laisse filtrer de la personnalité littéraire de son auteur. Quant à sa biographie, retenons ceci : né à Genève en 1892, il y mourut en 1956. C’est peu. Quand bien même on ajouterait qu’il exerça durant un temps la profession d’agent de change, avant d’abandonner l’effervescence boursière pour la solitude de l’écriture. D’où la quarantaine de titres qui composent sa bibliographie. Sans compter une multitude de chroniques, un millier dit-on, publiées dans les journaux de Suisse. On mesure alors la chance qui se présente à nous de découvrir un écrivain tel que celui-ci.
Mais il me faut saluer sans plus tarder le travail de Thierry Laget, autre auteur de la collection*, qui a choisi, présenté et annoté les textes recueillis dans le présent ouvrage.
Lesquels proviennent de périodes échelonnées sur une vingtaine d’années (1934 — 1954) en même temps que d’ensembles différents. Distribués en six parties, ils forment ici une somme de deux cent cinquante pages qui ne manque pas d’unité. Récit de vie où les pensées vraies côtoient les petits riens de l’existence. Et tellement plus que cela. À croire que le puzzle ainsi constitué, où chaque chronique semble avoir trouvé l’emplacement qu’elle attendait, était prémédité de longue date, si ce n’est dès l’origine.
Il n’en est rien pourtant. Sauf à prendre en compte le tempérament d’un auteur, préoccupé durablement par quelques thèmes dont la récurrence montre assez combien ils proviennent de son être profond.
* Thierry Laget, Le ciel est un grand timide (Fario, 2016).
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http://www.revue-secousse.fr/Secousse-20/Notes-lecture/Sks20-Commere-Girard.pdf