Nous devrions peut-être nous engager dans la moindre marche avec un esprit d’éternelle aventure sans retour – prêts à renvoyer nos cœurs embaumés comme des reliques vers nos royaumes affligés.

Henry David Thoreau

Entretien avec Jérôme Prieur

Nicolas Ragonneau

Jérôme Prieur publie Lanterne magique aux éditions Fario dans la collection Théodore Balmoral, nouvelle édition d’un livre devenu introuvable depuis sa parution chez Gallimard en 1985. Un livre baroque et étourdissant, où la figure d’Étienne-Gaspard Robertson, l’homme des fantasmagories, se juxtapose à celle du Narrateur de Combray, qui s’adonne aux plaisirs solitaires de la lanterne magique…

Vous avez lu la Recherche bien avant d’entrer à l’Université, un été en Normandie. Vous souvenez-vous de ces jours de lecture ?
Je vois que vous faites allusion au volume hors-série publié il y a peu par la Société des amis de Marcel Proust, Proust pour la première fois (2020)…  J’ai adoré l’extraordinaire contribution de Fanny Ardant ou le témoignage de Michel Schneider, mais ce qui m’a frappé c’est que nous nous ressemblons quasiment tous dans notre découverte de Proust. Chacun croit que ce qui lui est arrivé constitue un moment unique, en général survenu à la fin de l’adolescence, au point de ne pas déceler que paradoxalement ce moment n’est pas très original. Je ne reviendrai pas ici sur ce que j’ai essayé, de mon côté, de raconter de ma découverte de la Recherche vers 17 ans, mais bien sûr je ne fais pas exception à cette règle générale qui veut que cette découverte soit vécue comme une sorte de révélation sur le chemin de Damas.

Lire la suite sur le site Proustonomics.

Lanterne magique

Avec Lanterne magique, Jérôme Prieur nous propose une réflexion sur l’émergence, en plein siècle des Lumières, d’une pratique dont les ressorts occultes sont néanmoins essentiels : celle des projections publiques de lanterne magique qui débutent durant l’An VI, c’est-à-dire en 1797 – 1798. Cette archéologie du cinéma passe par celle de l’image lumineuse à partir de deux livres, Du côté de chez Swann de Marcel Proust et les Mémoires d’Étienne-Gaspard Robertson (1763 – 1837), l’inventeur de la fantasmagorie qui fit carrière sous le Directoire et le Consulat quand les lanternes magiques sont connues depuis la fin du XVIIe siècle.  On connaît bien le premier, la fameuse série de six plaques de lanterne magique racontant

Lire la suite »