Encore une fois semer des cailloux sur le chemin du petit poucet. Le récit est connu, il nous vient des Contes de la mère l’Oye de Charles Perrault. C’est le destin et la force des contes que de toujours s’offrir aux conteurs, de génération en génération. Serge Airoldi ne transgresse ni n’édulcore, il ne trahit pas cet art du conte qui suppose, comme le notait Walter Benjamin, de ne rien céder à la psychologie. Simplement il apporte ses propres pierres, les distribue ou les répand à sa façon. Poétique. Et c’est donc ici affaire de langue, de détails, de citations discrètes venant jeter leur part de saveur, de lumière ou de nuit, de grotesque ou d’accablement sur ce fatum d’une histoire trop humaine.
Mais cette version du Petit Poucet est d’abord l’histoire d’une rencontre de Serge Airoldi avec des images : celles, puissantes, vigoureuses, acides ou drolatiques de Lydie Arickx. Il ne s’agit pas d’illustrations, le dessin participe de la transmission du conte, nous font spectateurs naïfs, prêts à s’étonner toujours, à s’alarmer souvent, à s’émouvoir pensivement devant les ressources, enfouies en chacun de nous, de l’enfance trahie.
Que dire de cette fratrie ? Sinon une asymétrie.
Six grands et un tout minuscule. Un petit.
Un code, comme un tatouage sommaire : L.P.P.
Un acide désoxyribonucléique que La Vargne et L’Oye
ne cherchaient même pas à justifier.
Il était sorti comme ça.
On sort comme ça.
Tirage de tête : Vingt cinq exemplaires numérotés et signés, accompagnés d’un dessin original (charbon et pigment fluo), au format du livre, de Lydie Arickx.