Marcheur nocturne, errant, comme perpétuellement situé à la frontière des mondes de l’invisible et du visible, Gustave Roud a laissé l’image d’un poète de premier plan, ayant exercé une influence considérable sur toute une génération, mais d’une grande discrétion. Malgré sa vie relativement recluse dans les vallées du Haut-Jorat, Roud répondait volontiers, avec tact, aux visiteurs qui le sollicitaient. Une douzaine d’entretiens ont été ainsi retrouvés et transcrits pour constituer ce volume : certains publiés en revue ou dans la presse, d’autres enregistrés pour la radio. Gustave Roud, sans exhibitionnisme mais avec simplicité, y évoque le milieu paysan où il vit, ses lectures déterminantes, ses admirations, sa rencontre avec Ramuz. Il parle surtout de l’expérience poétique telle qu’il la conçoit, dans les pas de Novalis, expérience de la révélation d’un lien immédiat avec le monde humain et non humain, réception comme hallucinée des morceaux épars d’un « Paradis » qu’il faut ensuite traduire et surtout ressusciter.
Il évoque aussi, dans une très belle promenade enregistrée sur ses lieux de prédilection, son lien avec l’univers des oiseaux, et des végétaux, qu’il ne peut se résoudre à croire sans voix ni signes à notre adresse.
Les entretiens ici publiés sont datés de 1948 à 1975.
Édition établie et annotée par Émilien Sermier.
Préface d’Émilien Sermier : La Poésie en personne.
L’ouvrage est agrémenté de plusieurs photographies de Gustave Roud.