Victimes de l’anthropocène, les oiseaux disparaissent.
Ils meurent, mais ils sont là, un peu partout dans l’édition photographique contemporaine (chez Francesca Todde, chez Julien Magre, chez Aurélie Scouarnec, aux éditions Atelier EXB dans une superbe collection dédiée) et les travaux d’artistes (Gilles Aillaud à Beaubourg et à la galerie de la Librairie Métamorphoses, à Paris ; Vera Muratet ; au château de Flamanville dans le Cotentin).
Avec Syrinx, publié par les éditions Fario, Joséphine Michel compose à son tour un hymne à la gent ailée.
Sur papier épais ou glacé – une invitation à la caresse -, Syrinx approche l’héraldique des oiseaux, leur stupéfiante beauté, et l’organisation supérieure de leur plumage.
Dieu, pensait Newton après Platon, s’exprime en langage mathématique.
Il n’y a pas dichotomie entre la sensibilité et la géométrie, mais une même musique des sphères.
On ne sait d’abord pas où l’on est, ni dans quel espace technique – une photographie ? une gravure ? un dessin ? -, avant que de comprendre que notre regard se situera du côté du mystère de la vie et des formes.
La désorientation participe de la lecture, comme si nous étions nous-mêmes emportés dans les airs par un oiseau tourbillonnant.
Joséphine Michel fixe des vertiges, des couleurs, des structures supérieures propres à telle ou telle espèce.
A la limite de l’abstraction, ses photographies célèbrent la matière comme esprit, et les roches desquelles s’élancent les volatiles comme des royaumes secrets.