Jean Roudaut propose ici une réflexion sur la notion de tombeau en littérature. Après une étude historique et analytique du genre, le livre se révèle ensuite être une autobiographie oblique de l’auteur, au travers du prisme de ceux qu’il a croisés (la mémoire d’un cousin communiste est notamment célébrée dans le remarquable chapitre : « Un frère vêtu de noir »), ou, tout en les côtoyant, qu’il a longuement lus.
Dans le sillage du prodigieux travail de lecteur émérite qu’il est des œuvres de Marcel Proust ou de Stéphane Mallarmé, de celles de Georges Perros et de Robert Pinget, de celles enfin de Louis-René des Forêts ou de Michel Butor, Jean Roudaut propose dans ce livre les portraits d’écrivains qui ont été, à un moment ou à un autre, déterminants pour l’auteur qu’il est : Robert Antelme, Roland Barthes, Félix Guattari, Michel Foucault, Roger Giroux, Georges Lambrichs.
Le livre, à l’image d’une table des matières qui s’estompe dans sa composition même, propose enfin un tombeau de l’auteur en lecteur de soi disparaissant. Véritable célébration de la littérature, Dans le temps révèle une fois encore que celle-ci est le lieu où se dit mieux qu’ailleurs la vérité des rapports aux sources de soi ; et parmi quoi : les bibliothèques toujours proches.