Nous devrions peut-être nous engager dans la moindre marche avec un esprit d’éternelle aventure sans retour – prêts à renvoyer nos cœurs embaumés comme des reliques vers nos royaumes affligés.

Henry David Thoreau

Libre cours, de Marion Milner. Impressions de lecture

Anne Maupas

Marion Milner est née en 1900 et est morte en 1998. Elle a vécu à Londres toute sa vie. Au moment où elle écrit cet ouvrage, elle a 35 ans et est artiste peintre, diplômée en psychologie et passionnée par ses lectures de Freud. Analysée par Sylvia Payne et ensuite Winnicott, elle se forme à la psychanalyse et devient membre de la Société britannique de psychanalyse en 1943. En s’appuyant sur la conception de l’objet transitionnel de Winnicott, elle a élaboré le concept bien connu de « médium malléable », concept repris et développé par René Roussillon.

Au moment où aucune contrainte professionnelle ou sociale ne nous entrave, que fait-on de son temps libre ? se demande Marion Milner. Pour répondre à cette question qui met en relief le sentiment de vacuité, Marion Milner va suivre une méthode qu’elle a déjà expérimentée et qui va en sens contraire du raisonnement et de la logique : faire confiance à ce qu’elle sent, à ce qui l’intéresse pour tenter de voir où cela la mène. Suivre les mouvements qui l’animent et repérer quand et comment se fier à eux.

Comme on mènerait une enquête, elle entreprend l’aventure avec curiosité et rigueur et va se laisser entraîner parfois jusqu’aux portes de la « folie originaire ». Marion Milner veut mettre les images et les sentiments au service de la réalité psychique et des exigences de l’organisation interne de ses désirs. Mais réalité interne et réalité externe en arrivent parfois à se confondre pour lentement de nouveau se distinguer sans toutefois briser leurs liens essentiels.

Marion Milner revisite le journal qu’elle a tenu depuis son enfance jusqu’à l’âge adulte et tente d’y débusquer son être profond, de comprendre ce qui est à la source de sa créativité et de sa vitalité. Elle détaille les heures solitaires et silencieuses passées à observer la nature, à dessiner les plantes et les animaux, son attraction pour les forces telluriques (l’eau, le feu), sa fascination pour la sorcellerie, le mystère du sacrifice humain, la cruauté de la corrida, ou encore la terreur causée par la lutte entre le bien et le mal. Les textes bibliques, ou mythologiques, les grands textes classiques, tout est prétexte à son exploration de l’âme.

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Libre cours

Par son originalité et la simplicité apparente de son style alerte, Marion Milner occupe une place à part dans le champ de la pensée psychanalytique du

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