Avec Syrinx, l’anthropologue Tim Ingold et la photographe Joséphine Michel élaborent une traduction visuelle du monde sonore qui nécessite d’utiliser un nouvel organe, l’oreille-œil. Cet ouvrage singulier documente un dialogue créatif inédit qui expérimente les tensions entre l’expérience auditive, la matière de la réalité visuelle et les sensations qu’elles suscitent.
L’anthropologue Tim Ingold aime proposer à ses lecteurs et lectrices des « expériences de pensées » comme s’il les prenait doucement par la main. C’est une nouvelle fois la démarche adoptée pour son nouvel essai, publié en France et co-réalisé par l’artiste photographique Joséphine Michel, fruit d’un travail au long cours avec les oiseaux.
Est-ce le déclin de leurs populations qui génère la parution d’un certain nombre de livres sur le sujet ou bien simplement les images qui se comportent elle-même comme des oiseaux ? Ce sont les indices qu’évoque la photographe qui s’intéresse aux relations entre « réalité visuelle » et expérience auditive, aux correspondances entre image et son, notamment dans la création musicale. Prenant la décision de photographier des oiseaux pour essayer de traduire visuellement leur monde sonore, elle correspond avec le fameux anthropologue britannique qui a mené des recherches sur l’écoute des oiseaux.
Le mot Syrinx, qui donne son titre à leur livre, désigne l’organe de leur chant. Contrairement au larynx des humains, la syrinx des oiseaux leur permet d’émettre deux sons en même temps. L’ouvrage est donc pensé lui-même comme une syrinx et composé « d’une note textuelle et d’une note photographique ». Mais l’observation des oiseaux et l’écoute de leur chant n’est pas seulement au cœur du livre, l’expérience s’épaissit quand le pixel devient une note d’oiseau et que l’on invente un nouvel organe appelé oreille-œil…
Lire l’entretien entre Tim Ingold et Joséphine Michel sur AOC.