Nous devrions peut-être nous engager dans la moindre marche avec un esprit d’éternelle aventure sans retour – prêts à renvoyer nos cœurs embaumés comme des reliques vers nos royaumes affligés.

Henry David Thoreau

Novella Cantarutti

Après des études de lettres à Udine, Milan et Rome, Novella Cantarutti est devenue professeur de littérature italienne et d’histoire à Udine où elle s’est éteinte en septembre 2009. Elle a publié ses premiers poèmes en 1946, puis en 1947 dans Quaderno romanzo, l’une des revues de Pier Paolo Pasolini.

Son premier recueil poétique date de 1952. Il s’agit de Puisiis, (Treviso, Edizioni di Treviso). Viennent ensuite Scais, (Udine, Tarantola-Tavoschi, 1968), Pagini” seradi”, (Udine, Società filologica friulana, 1976) et en 1989, In polvara e rosa, qui rassemble Crevaduri, scais, puisiis, (Udine, Arti grafiche friulane). Outre des textes ethnographiques sur la région, la bibliographie retient aussi Segni sul vivo, (Udine, Arti grafiche friulane, 1992), Sfueis di chel âtri jeir, (Udine, Società filologica friulana, 1997), Clusa (siepe). Poesie dal 1991 al 2004, (Meduno, Circolo Culturale di Meduno, 2004). Et enfin Cencia sunsûr. En 2008.

Dans l’un ou l’autre des poèmes extraits des grands recueils de Novella, chacun trouvera également, comme incrustés dans l’infini détail des lieux, dans le suaire des brumes et des ombres et des givres, le visage et le souvenir de la mère. L’isomère, pourrait-on dire. Ces lieux constituent une matrice absolue – et alors nous pensons à tout ce qui unissait Pasolini à sa propre mère et à sa langue — et Novella lisant le paysage, faisant feu de tous lieux, ses lieux intimes, écrit : « En hiver, mon pays ressemble à ma mère. Quand j’arrive là-haut par jour clair (…), je ressens sa présence. Il me suffit de poser le regard sur les prés grisonnants, sur les arbres aux branches ébouriffées dans cette montagne qui montre ses rides et fissures nues pour que je fonde dans une joie subtile et intense, comme quand j’arrive de loin et que je pose la tête sur l’épaule de ma mère. (…) C’est ici, en ces lieux, que s’avance l’âme de ma mère… »

Serge Airoldi