Un choix des meilleures interviews données par le poète vaudois entre 1945 et 1975 est retranscrit en volume
Treize entretiens accordés aux médias par le poète vaudois Gustave Roud (1897 – 1976) sont réunis dans un petit volume aux Éditions Fario, par les bons soins d’Emilien Sermier, assistant à l’Université de Lausanne. De 1948 à 1975, le poète discret, à la parole rare, a été interviewé par la presse, la radio ou la télévision. Le plus souvent, ses interlocuteurs faisaient le déplacement chez lui à Carrouge (VD), dans le lieu même où l’œuvre s’élaborait.
C’est le cas de Mousse Boulanger, qui a suivi le poète en promenade pour la Radio suisse romande en 1967. Sa parole orale, saisie par les journalistes, ressemble à celle que l’on peut lire dans sa correspondance, ou même dans son œuvre. Posée, dès les premiers entretiens. Le poète a parfaitement conscience de l’œuvre qu’il est en train de tisser. Il parvient à parler de poésie de manière limpide, sans rien simplifier et sans être démonstratif.
Ce recueil constitue une belle réponse à ceux qui l’auraient peu lu, et jugeraient toujours le poète de Carrouge « trop campagnard » ou « régionaliste ». Roud a, c’est vrai, passé sa vie à parcourir le Jorat à pied, crayon et carnet en main (et appareil photo en bandoulière), la marche et la fatigue amenant le corps et l’esprit dans un « état second », apte à capter ces instants d’«illuminations ».
A Mireille Kuttel, de la Nouvelle Revue de Lausanne, il explique en 1975, un an avant sa mort : « Je ne fais pas de réalisme en parlant des paysans ; je ne les idéalise pas non plus. Je les peins parce qu’ils m’ont procuré d’inoubliables rencontres. Grâce eux, j’ai eu l’impression de côtoyer la beauté et cette innocence humaine qui m’apparaît comme la chose la plus émouvante qui soit. » Nul besoin de quitter la campagne vaudoise pour toucher à l’universel.