Nous devrions peut-être nous engager dans la moindre marche avec un esprit d’éternelle aventure sans retour – prêts à renvoyer nos cœurs embaumés comme des reliques vers nos royaumes affligés.

Henry David Thoreau

« Au fond de la couche gazeuse 2011 – 2015 »

Jérôme Dupuis

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Qui est-il ? On ne sait rien de lui. Pas la moindre photo connue. Certains disent que derrière ce nom aristocratique se cacherait un mystérieux collectif. Baudouin de Bodinat avait frappé les esprits en publiant, dans les années 1990, La Vie sur Terre, tomes premier et second, deux petits essais hautains et pessimistes. Il y dénonçait, dans une langue magnifique, notre cybermonde climatisé dénué de toute émotion. Depuis, une poignée d’initiés se chuchotait le nom de cet antimoderne comme un talisman.

Que dit-il ? Le voici qui ressurgit avec cet Au fond de la couche gazeuse
20011 – 2015. Et c’est un peu comme si le Cardinal de Retz revenait pour décrire la vie au temps de l’IPhone 6. Le décalage entre le style Grand siècle et la trivialité de nos vies, où des couples peuvent passer un dîner entier à pianoter chacun sur son smartphone, révèle l’absurdité d’une planète devenue comme virtuelle. À cet âge spectral, le mélancolique Baudouin de Bodinat oppose la nostalgie des chemins creux et de « toutes ces promesses que la vie n’a pas tenues ». C’est moins gai que du Cyril Hanouna. Mas c’est nettement plus dérangeant.

Au fond de la couche gazeuse

Comme on s’informe des moeurs et usages d’une colonie animale en observant à bonne distance ses foyers d’attroupement, ses circulations saisonnières, ses activités significatives, il est

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