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Il faudra relire Lorca encore une fois, maudire entre les dents la maîtresse partie, sans remords,
fière du nouvel homme qu’elle entoure de mystère,
traîtresse, oublieuse des promesses, il faudra laisser
les adorations, ces puissantes mécaniques, les espérances, l’amour s’engouffre dans les miroirs, la femme
brune ou blonde ne l’ignore pas, il faudra laisser ces
épaisseurs d’un temps, oublier sa race, ses goûts, ses
morts, les océans, les bacchanales, la pulpe des vagins, oublier toutes les humeurs, les chambres du
trajet, les retours après les voyages à Madras et à
Wellington, les voyages s’ajoutent, les vases se déposent dans l’étang, la jussiée s’en nourrit.
[…]
Note de l’éditeur
Une destination, apparente ou souterraine, peut assurer à des pages disjointes, écrites au cours de quelques années, une même focale. C’est du moins ce dont l’éditeur a pris conscience et ce dont l’auteur a bien voulu se laisser convaincre.
La destination apparente, c’est un lieu, puisque la revue fario a publié une première version des cinq premiers textes de ce petit volume. Le sixième, L’éloquence de la perruche, est inédit.
La destination souterraine, au lecteur de la dessiner, mais on ne peut écarter ceci, une hypothèse : la margelle du temps où nous nous tenons en déséquilibre est celle des effondrements et des désastres à une échelle qu’on aurait eu naguère peine à imaginer. Elle conduit à une inévitable et hélas nécessaire opération, que seule une sensibilité encore aiguisée peut effectuer à l’intention des hommes nouveaux que nous devenons : un inventaire de ce qui tenait à l’âme et au corps de ceux que nous pensions pouvoir demeurer.
Imprimé en deux couleurs sur vergé blanc 90gr, couverture en Curious métallic Cognac 300gr à rabats, composé en Baskerville corps dix et demi pour le texte et en Cochin pour les titres. Tirage limité à 600 exemplaires.