« Sans doute que déjà, au ventre de la mère, on grandit avec l’aliment de ses soupirs anxieux, avec la nostalgie de rentrer avant même que de sortir, et avec ses larmes qui inondent tous les plis de l’univers interne. Elles imbibent jusqu’aux poudres du nouveau-né. Ce que l’on va devenir est-il là, prisonnier de tant de renoncements, malmené dans le flot d’une souffrance ? Ainsi mieux vaudrait ne pas naître. »
Il faut rendre grâce aux éditions Fario de nous présenter régulièrement, dans des volumes toujours très soignés, des auteurs formidables.
Ainsi le poète et prosateur italien – quelle différence ? – Eugenio De Signoribus avec l’ensemble de textes vibrant de sensibilité réunis dans Un manuscrit domestique.
Il y est question, de famille, de vie et de mort, de destin, d’expériences ténues et fondamentales.
Tout est ici à la fois précis et de délicatesse, chaque phrase est à la fois transparente et opaque, une voix unique se fait entendre.
De nature autobiographique, les textes peuvent être aussi fictionnels – quelle différence ?
On ne sait pas forcément qui sont les personnages, le père, le fils, la mère, tel ami, mais ce sont davantage des figures universelles que des indiscrétions biographiques.
Il y a des poèmes, des récits de rêves, des manières d’éducation, une orchestration des âges de la vie.
Il ne s’agit pas d’exhiber un style, mais de soulever des voiles d’enfance, d’écarter, mais pas trop, les tissus de pudeur.
La parole est première, elle vient avant les faits.
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