Depuis 2007, la poétesse lausannoise Mary-Laure Zoss met en œuvre une parole intérieure qui, tel un torrent, se déverse de recueil en recueil. Le dernier opus en date, Portant bas nos ombres, s’inscrit dans le prolongement thématique de Ceux-là qu’on maudit (Fario, 2016). Sur le plan formel en revanche, le bloc de prose encadré par la page a laissé place à de courts paragraphes, absolument dépourvus d’alinéas et de majuscules, mais ponctués de manière frappante. Des cadratins soulignent les stratifications énonciatives (inflexions thymiques, modales, épanorthoses, commentaires métadiscursifs et adresses au lecteur), les revirements de la pensée, tandis que les points entre les syntagmes phrastiques (entre compléments, ou même entre un pronom relatif et son antécédent) contrarient le charroi d’une parole dégingandée, qui déploie par accumulations son « fil rompu » (17) : ainsi s’échappe l’entendement, dans l’effort d’une impossible saisie de soi dans le monde.
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