Dans la catégorie des écrivains bifrons, je demande Thierry Laget et même j’en redemande. Pendant un quart de siècle, l’auteur de « Proust, prix Goncourt » a été, au Palais-Bourbon, l’homme cravaté, impassible et anonyme, assis au-dessus des oratrices et orateurs, mais en dessous de la présidente ou du président, qui rédigeait, jour et nuit, les comptes rendus des séances. Il les adressait ensuite, après les avoir amendés et avantagés, au Journal officiel, où les députés découvraient que leurs interventions brouillonnes et sauvages étaient soudain claires et stylées. Ainsi donc, Thierry Laget avait deux vies. L’une chez lui, où il composait des romans florentins, annotait À la recherche du temps perdu pour la Pléiade et traduisait des ouvrages de l’italien.
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L’Assemblée nationale et Moi
Thierry Laget a pratiqué, pendant un quart de siècle et dans l’un des hauts lieux supposés de la joute oratoire et du discours, l’hémicycle de l’Assemblée