C’est, d’une part, le Maurice Ravel public et le musicien que dévoilent ces Souvenirs de son élève et ami Manuel Rosenthal : ses compositeurs de prédilection (Mozart, Weber, Schumann, Bellini, Chopin), son souci du monde et sa compassion, ses inclinaisons politiques (il fut proche de Léon Blum), ses amitiés, ses admirations (Rimski-Korsakoff, Puccini, Massenet), sa relation avec ses maîtres ou avec les grands contemporains (Fauré, Debussy, Grieg, Stravinski) et avec les interprètes ou les disciples.
Mais c’est aussi l’intimité de l’homme qui est longuement évoquée, son style de vie, son extrême sensibilité à la beauté des femmes, sa prétendue chasteté et son goût pour l’argot militaire, ses insomnies, ses habitudes alimentaires, son engagement lors de la guerre 14 – 18, son refus de la Légion d’honneur, son goût pour la langue basque. Il apparaît ici dans sa maison de Montfort‑l’Amaury, auprès de sa gouvernante, de ses ami(e)s, ou dans sa solitude de lecteur.
Il est enfin et surtout question de l’œuvre, des influences, du théâtre, de la différence entre orchestration et instrumentation… Un chapitre entier est consacré à la Sonate pour violon et piano dont Manuel Rosenthal dit ne pas aimer le « mauvais jazz » du second mouvement et dont Ravel a détruit la première version du Final. Un autre concerne L’Enfant et les sortilèges.
Le livre s’achève par une lettre de Ravel au sujet des déclarations de la « Ligue Nationale pour la Défense de la Musique Française » auxquelles il s’oppose, défendant l’exécution publique des œuvres allemandes et autrichiennes, quand il lui importe peu que « Schönberg soit de nationalité autrichienne ».
Une partie de ce livre a été publiée une première fois aux éditions Hazan en 1995.
Introduction de Marcel Marnat.
Souvenirs suivis d’Equisse autobiographique par Maurice Ravel.
Édition établie par Thierry Bouchard et annotée par Marcel Marnat et Thierry Bouchard.
Ce livre contient un cahier de huit photographies sur papier couché.