Nous devrions peut-être nous engager dans la moindre marche avec un esprit d’éternelle aventure sans retour – prêts à renvoyer nos cœurs embaumés comme des reliques vers nos royaumes affligés.

Henry David Thoreau

Des essais d’amour intellectuel, par José Ortega y Gasset, philosophe

Fabien Ribery

« Une doctrine d’amour coule sous la terre spirituelle de ces essais, parfois risquée et âpre, avec un bruit sourd et doux, comme si elle craignait d’être entendue trop clairement. »

Publié en 1914, le premier livre du penseur espagnol José Ortega y Gasset (1883 – 1955), Méditations sur Don Quichotte, est peu connu en France, bien que constituant peut-être le cœur de sa démarche philosophique, notamment en ce qui concerne l’art et la littérature.

Ce n’est pas un livre consacré exclusivement à l’œuvre de Cervantès, mais un ouvrage vagabond cherchant un chemin entre âme espagnole (marquée par la mort, la sensualité, l’imaginaire, l’impact de la présence) et tempérament germanique (goût de l’abstraction).

Alors que le monde bascule dans la guerre, l’esprit profondément européen d’Ortega y Gasset multiplie les pistes de réflexion, Don Quichotte, premier roman moderne, anti-épopée géniale, pouvant être considéré comme notre entrée dans une époque d’errance à la fois fabuleuse et inquiétante.

« Nous, les Espagnols, nous offrons à la vie un cœur blindé de rancune, et les choses, rebondissant dessus, sont cruellement rejetées. Depuis des siècles, nous assistons autour de nous à un effondrement incessant et progressif des valeurs. »

Composé d’une série liée de textes appelés « essais d’amour intellectuel », Méditations sur Don Quichotte est un livre libre accordant une importance première aux circonstances, à « ce qui se trouve près de nous ».

Désir de comprendre, « folie d’amour », jugement ouvert.

Ne pas accumuler des connaissances, mais ouvrir des synthèses.

Etre moins le Nil que son delta.

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